Face à la reprise de la circulation du virus, le ministre de la Santé François Braun a annoncé sur France Info mardi 27 septembre le démarrage de « la campagne de vaccination avec les nouveaux vaccins bivalents contre Omicron à partir du 3 octobre ».
Les derniers chiffres disponibles sur le coronavirus semblent, de prime abord, démentir l'optimisme affiché par le président Joe Biden qui déclarait le 18 septembre dans une interview à la chaîne de télévision CBS « Nous avons encore un problème avec le Covid-19, nous consacrons beaucoup de travail à ce dossier, mais la pandémie est terminée ». Une déclaration sur la situation sanitaire dans son pays qui a beaucoup fait réagir et qui a surpris ses propres conseillers en santé.
En France, les contaminations au Covid-19 ont accéléré ces derniers jours après une reprise observée début septembre. Ce rebond intervient alors que la Haute autorité de santé a donné son feu vert la semaine dernière à trois vaccins de dernière génération, adaptés à Omicron, pour une nouvelle campagne de rappel à l’automne, couplée à celle contre la grippe.
Qu’est-ce qu’un vaccin bivalent ?
Le vaccin bivalent a pour avantage d’agir aussi bien contre la souche historique du virus, celle de Wuhan en Chine, que contre celle d’Omicron ou tout autre variant qui pourrait surgir à l’avenir.
Comme le précise l’immunologue Jean-Daniel Lelièvre « En somme, on rejoint le contexte de l’infection de la grippe. Pour contrer ce virus, depuis des années, on met au point chaque hiver, sans étude clinique, des vaccins adaptés aux souches du moment. Avec la difficulté d’avoir toujours un léger temps de retard. On va donc se retrouver dans la même configuration avec le vaccin contre le Covid-19. »
La Haute Autorité de Santé a donné son feu vert la semaine dernière à trois vaccins bivalents. Deux sont produits indifféremment par Pfizer et par Moderna et ciblent le virus originel et le sous-variant Omicron BA.1. Le troisième, porté par Pfizer, s’attaque plus particulièrement au sous-variant BA.5, lignée qui représente aujourd’hui 93 % des contaminations en France.
Selon un communiqué de Moderna paru le 8 juin, les résultats de ce nouveau vaccin bivalent sont prometteurs. Des tests ont été effectués sur 437 personnes : la moitié des personnes a reçu en rappel vaccinal le vaccin contre le virus initial, et l’autre moitié s’est vu injecter ce nouveau vaccin bivalent. Un mois après l’injection, les personnes vaccinées avec la nouvelle souche présenteraient des anticorps huit fois plus élevés que les autres.
La HAS a actualisé ses recommandations : populations cibles, organisation de la campagne vaccinale
- Poursuite de la campagne de deuxième rappel
Le plus souvent, une quatrième dose est recommandée chez les personnes à risque de faire une forme grave de la maladie ainsi qu’à leur entourage et aux professionnels des secteurs sanitaire et médico-social.
Sont concernés : les personnes âgées de 60 ans et plus ; les résidents d’établissements d'hébergement pour personnes âgées, dépendantes (EHPAD) et d’unités de soins de longue durée (USLD) ; les personnes immunodéprimées, quel que soit leur âge (cependant, les vaccins bivalents ne sont pas autorisés avant l'âge de 12 ans) ; les adultes âgés de 18 à 59 ans identifiés comme étant à risque de forme grave de covid 19 ; les enfants et adolescents à haut risque, et souffrant de pathologies le justifiant ; les femmes enceintes, dès le 1er trimestre de grossesse ; les personnes vivant dans l’entourage ou au contact régulier de personnes vulnérables ou immunodéprimées, dans une stratégie de cocooning ; les professionnels de santé, quel que soit leur âge ou leur état de santé ; l’ensemble des salariés du secteur de la santé et du secteur médico-social, aux aides à domicile intervenant auprès de personnes vulnérables, aux professionnels du transport sanitaire, ainsi qu’aux pompiers, quel que soit leur âge, leur mode d’exercice ou leur état de santé.
Ce deuxième rappel est recommandé :
- 3 mois après le premier rappel pour les personnes âgées de 80 ans et plus, ainsi que pour les résidents en EHPAD ou en USLD et les personnes sévèrement immunodéprimées, quel que soit leur âge ;
- Dès 6 mois après le premier rappel pour les autres personnes éligibles.
Pour les personnes ayant été infectées par le SARS-CoV-2, une dose de rappel additionnelle reste recommandée en respectant un délai minimal de trois mois après l’infection. La HAS précise en outre que tant que les vaccins bivalents ne sont pas disponibles, ne pas hésiter à pratiquer le second rappel avec un vaccin classique.
- Organisation de la campagne vaccinale avec les vaccins bivalents
La HAS recommande que, lors de cette campagne :
- Une dose de rappel soit administrée quel que soit le nombre de rappels déjà administrés précédemment à la population chez qui le deuxième rappel est déjà recommandé, et ce, selon des délais identiques par rapport à l’administration de la dernière dose de vaccin ou en cas d'infection à SARS-CoV-2 intercurrente ;
- D’utiliser pour cette campagne de rappel préférentiellement un vaccin à ARNm bivalent (Spikevax bivalent Original/Omicron BA.1, Comirnaty bivalent Original/Omicron BA.1 15/15 μg ou Comirnaty bivalent Original/Omicron BA.4-BA.5 15/15 μg), quels que soient les vaccins utilisés précédemment.
Pour les personnes âgées de moins de 30 ans, la HAS recommande l’utilisation préférentielle des vaccins bivalents Comirnaty bivalent Original/Omicron BA.1 15/15 μg ou Comirnaty bivalent Original/Omicron BA.4-BA.5 15/15 μg pour la campagne d’automne.
Les personnes les plus fragiles recevront le vaccin bivalent en priorité. Un nombre suffisant de doses a été commandé, et toutes les personnes éligibles à un rappel vaccinal contre la covid 19 (qu'il s'agisse d'un premier, d'un deuxième ou d'un troisième rappel) pourront recevoir un vaccin bivalent. Le vaccin Spikevax bivalent Original/Omicron BA.1 pourra être commandé dès le 26 septembre 2022.
Coupler la campagne de rappel contre la covid 19 avec la campagne de vaccination contre la grippe saisonnière
La HAS rappelle que :
- La réalisation concomitante des vaccins contre la grippe et la covid 19 est possible : les deux injections peuvent être pratiquées le même jour, mais sur deux sites de vaccination distincts (un vaccin dans chaque bras) ;
- Pour les personnes qui ne recevraient pas la dose de rappel contre la covid 19 (ou d’ailleurs une première ou une seconde dose de ce vaccin) et l’injection antigrippale simultanément, il n’y a pas de délai à respecter entre les deux vaccinations ; cette règle s’applique par ailleurs à toute association entre les vaccins contre la covid 19 et les autres vaccins du calendrier vaccinal.
Une prochaine version du système d'aide à la décision vaccinale sera prochainement disponible sur MesVaccins.net , cette version prendra en compte les dates de certaines conditions (date d'un début de grossesse, date d'une infection à SARS-CoV-2) et leurs intervalles par rapport à d'éventuelles vaccinations.
Rédigé par Philippe Tisserand
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