Dans le cadre du plan national canicule, l’Agence Nationale pour la Sécurité du Médicament (ANSM) met à disposition des professionnels de santé sur son site les recommandations actualisées le 15 juin relatives au bon usage des médicaments en cas de forte chaleur chez les personnes à risque. Actualité - Bon usage et conservation des produits de santé en cas de vague de chaleur - ANSM (sante.fr)

Les principales populations vulnérables en situation de forte chaleur sont les personnes âgées, les nourrissons et les enfants, les personnes atteintes d’une pathologie chronique nécessitant un traitement médicamenteux, les personnes à polymédication excessive et les personnes dépendantes. L’isolement social accroît encore leur fragilité.

En cas de vague de chaleur, les médicaments à prendre en considération sont ceux susceptibles d’aggraver un syndrome d’épuisement-déshydratation ou un coup de chaleur par :

  • Troubles de l’hydratation et/ou troubles électrolytiques,
  • Altération de la fonction rénale,
  • Profil cinétique susceptible d’être affecté par la déshydratation,
  • Perturbation de la thermorégulation centrale ou périphérique ;
  • D’induire une hyperthermie ; 
  • D’aggraver indirectement les effets de la chaleur 

L’ANSM met à disposition des professionnels de santé un tableau récapitulatif des médicaments susceptibles d’altérer l’adaptation de l’organisme à la chaleur, avec entrée en fonction du profil de risque (voir le tableau récapitulatif)

L’adaptation d’un traitement médicamenteux en cours doit être considérée au cas par cas

En aucun cas, il n’est justifié d’envisager systématiquement une diminution ou un arrêt des médicaments pouvant interagir avec l’adaptation de l’organisme à la chaleur.

Il est recommandé aux professionnels de santé de :

  • Contrôler régulièrement l’état d’hydratation et les facteurs de risque ;
  • Dresser la liste des médicaments pris par le patient et identifier ceux qui pourraient altérer l’adaptation de l’organisme à la chaleur (voir tableaux) ;
  • Réévaluer l’intérêt de chacun des médicaments et supprimer tout médicament qui apparaît soit inadapté, soit non indispensable ; en particulier ceux susceptibles d’altérer la fonction rénale 
  • Éviter la prescription d’anti-inflammatoires non-stéroïdiens (aspirine, AINS classiques, inhibiteurs de la COX-2), particulièrement néphrotoxiques en cas de déshydratation ; 
  • En cas de fièvre, éviter la prescription de paracétamol (inefficacité pour traiter le coup de chaleur et possible aggravation de l’atteinte hépatique souvent présente) ;
  • En cas de prescription de diurétique, vérifier que les apports hydriques et sodés sont adaptés 
  • Recommander au patient de ne prendre aucun médicament sans avis médical, y compris les médicaments délivrés sans ordonnance.

La prise en compte de ces recommandations est à replacer dans le cadre des compétences respectives des différentes professions concernées. Le repérage précoce des signes d’alerte et le partage d’information entre professionnels de santé revêtent dans ce contexte une importance toute particulière.

Focus sur la conservation et l'utilisation des lecteurs de glycémie et des réactifs associés en cas de vague de chaleur

L’agence rappelle que lors de l'affichage du résultat, certains lecteurs indiquent un message d'erreur si le lecteur se situe en dehors des intervalles de température spécifiés. Le résultat affiché n'est alors pas fiable. Dans d'autres cas, il peut arriver qu'aucun résultat ne soit affiché. Enfin, certains lecteurs n'ont pas d'alarme de température. Dans ce cas, le respect des intervalles de température par l'utilisateur doit être rigoureux. Par ailleurs, si le matériel (lecteur, bandelettes et solutions de contrôle) est soumis à un changement brusque de température, il est impératif de le laisser s'équilibrer à la température ambiante avant de procéder à une mesure glycémique. 

Dans tous les cas, si les intervalles de température indiqués ne peuvent pas être respectés ou si le lecteur n’est pas équipé d’alarme sécurité, tout résultat qui entraînerait une modification de dose d’insuline inhabituelle doit faire l’objet d’une nouvelle mesure de la glycémie dans les conditions spécifiées.

Télécharger le document spécifique destiné aux professionnels de santé.

L'agence rappelle aussi bien sûr aux professionnels de santé de bien évaluer l'état d'hydratation du patient (clinique avec prise de la pression artérielle, poids, fréquence cardiaque, et évaluation biochimique avec ionogramme complet comprenant la créatininémie et la clearance de la créatinine) ainsi que les facteurs de risque. 

Philippe Tisserand
One Another Consulting